
Publiée le 03/03/2023 11:13:56
Les Waves Games n’auront plus lieu à La Torche …
Forte du succès sportif et populaire des deux premières éditions des Wave Games sur le spot mythique de La Torche (Finistère) en 2018 et en 2020, Terre de Glisse souhaitait lancer la troisième édition à la Toussaint 2023. Malgré cette volonté partagée avec certains partenaires de l’évènement, le public et l’ensemble des riders qui ont plébiscité son concept unique et innovant dès sa première édition, l’association finistérienne a dû renoncer à son projet. Une déception pour tous mais aussi une porte ouverte à d’autres collectivités et territoires qui pourraient vouloir accueillir cette compétition 100% glisse dans les années à venir. Le point avec Christophe Boutet, président de l’association Terre de Glisse.
Qu’est ce qui a inspiré Terre de Glisse à créer les Wave Games et à les organiser à La Torche après deux étapes de la Coupe du Monde PWA (2014 et 2016) ?
En 2016, les conditions pendant la Coupe du Monde de windsurf étaient catastrophiques, avec de la brume et pas de vent. Malgré tout, il y avait eu de très belles conditions de vagues et de surf.
Nous nous sommes dit qu’il était dommage de mobiliser autant de monde et de ne rien pouvoir leur proposer et que le spot de la pointe de La Torche méritait, et mérite toujours, des évènements de cette dimension. Il faut rappeler que nous avons eu entre 60.000 et 140.000 spectateurs sur la Coupe du Monde PWA et les Wave Games, ce qui en fait le deuxième plus gros évènement sportif outdoor en Bretagne (après la Route du Rhum) en termes de public.
C’est en observant les riders Windsurf en 2016, qui sont des watermen et women accomplis, se régaler en surf ou paddle toute la semaine alors que le vent nous manquait cruellement, que l’idée de lancer un événement multi-supports nous a sauté aux yeux.
Avec les Wave Games, notre volonté était de continuer à faire la promotion des sports de glisse sur des supports que nous affectionnons particulièrement et de pouvoir faire la promesse au public qu’il pourrait voir chaque jour des athlètes évoluer sur le spot.
Nous avons donc imaginé un évènement proposant des contests en windsurf, surf, Stand Up Paddle et kiteboard avec un classement par discipline. Et un titre overall puisque nous savions que les sportifs qui pratiquent des sports d’eau touchent généralement à plusieurs supports. Le concept a tout de suite remporté l’adhésion du public et des riders et a contribué à développer notre sport.
Pourquoi avez-vous décidé de renoncer à organiser la troisième édition des Wave Games à La Torche cette année ?
La Communauté de Commune du Pays Bigouden Sud nous a fait part de sa décision de ne pas reconduire leur accompagnement pour une nouvelle édition des Wave Games à La Torche. Cette dernière souhaite désormais s’orienter vers des évènements qui toucheront plus de communes du territoire bigouden. C’est un choix que nous regrettons car la pointe de La Torche est un spot mythique, qui a souvent été sous le feu des projecteurs grâce aux grands évènements de glisse qui y ont été organisés. On se rappelle des Coupes du Monde de windsurf dans les années 1980 et celles de 2014 et 2016, ou encore des évènements de Stand Up Paddle et de surf organisés par Ronan Chatain et son équipe. Mais malheureusement, en tant qu’organisateur, nous ne pouvions pas envisager une édition 2023 des Wave Games sans la volonté et l’accompagnement financier et technique de la Communauté de Communes du Pays Bigouden Sud.
Nous sommes évidemment déçus, La Torche est un écrin particulier qui permet de s’exprimer sur tous les supports et au plus près du public. Il n’y pas beaucoup d’autres endroits, dans le Finistère et dans le monde, qui peuvent accueillir autant de public comme dans un stade naturel et faire la promotion des sports de glisse.
La pointe de La Torche est classée Natura 2000. Comment avez-vous réussi à y organiser des évènements d’une aussi grande ampleur ?
Il n’a pas été simple d’organiser un événement d’une telle envergure sur un site classé « Natura 2000 ». Ce dernier est protégé à raison car il est fragile. Nous avions installé dans ce sens, en collaboration avec la Communauté de Communes du Pays Bigouden Sud, quasi 3 kilomètres de poteaux et bifilaire pour protéger les dunes. Et nous avons toujours été très vigilant sur le fait que le public respecte le site, que nous rendions plus propre que nous ne l’avions trouvé. De nombreux bénévoles ramassaient les déchets et le Conservatoire du Littoral, présent sur place, sensibilisait les spectateurs. Nous avions également noué des partenariats avec des associations comme Surfrider Foundation Europe, qui œuvrent pour protéger la mer et le littoral. Je pense que nous avons répondu présents de ce côté-là. L’ensemble des bénévoles de Terre de Glisse a toujours été exemplaire en la matière sur les évènements mais également au quotidien, dans la vie de tous les jours. Nous nous inscrivons tous dans une démarche de protection de notre environnement, de notre terrain de jeu.
Les Wave Games pourraient-ils avoir lieu ailleurs à une date ultérieure ?
Nous sommes en stand-by pour le moment. Nous sommes beaucoup sollicités de par certains de nos partenaires et les coureurs pour que nous organisions une nouvelle édition des Wave Games. C’est un évènement qui plaît à tout le monde, riders, public et partenaires car il est particulier de par son format unique. Ce n’est pas une compétition internationale officielle donc tout le monde était plus axé sur la promotion des disciplines et de la glisse au sens large que sur la recherche de performance pure et de résultats. Cela a créé un état d’esprit extraordinaire entre les riders professionnels, amateurs et grand public. Il serait dommage que cela ne perdure pas. Nous sommes très ouverts à l’idée d’organiser cet évènement ailleurs même s’il sera difficile de trouver un lieu qui permette la pratique des quatre disciplines et qui ait également la capacité d’accueillir autant de spectateurs. Historiquement, il y a toujours eu énormément de public à se déplacer à La Torche et ce pour plusieurs raisons : le lieu s’y prête, il y a beaucoup de passionnés dans la région, et visuellement, le spectacle est au rendez-vous grâce notamment à cette avancée sur la mer qui permet d’être au plus proche de l’action. Nous sommes forcément déçus que l’aventure s’arrête là-bas mais nous ne sommes pas résignés. Et nous sommes convaincus que le concept peut intéresser d’autres collectivités.
Ils ont dit :
Ben Carpentier, champion du monde APP SUP Surf et vice-champion du monde SUP Longboard 2022 : « C’est une page qui se tourne pour les Wave Games après deux superbes éditions sur la pointe de La Torche mais j’imagine aussi que d’autres opportunités s’ouvrent en termes de localisation. On a vécu des moments très forts grâce à cette compétition et on espère la revoir sur d’autres territoires ou sur le Finistère. Il est clair que notre pays ne manque pas de belles destinations qui pourraient accueillir ce genre d’évènements. Je suis de tout cœur derrière l’organisation, Christophe et toute l’équipe et j’espère revoir un jour cette belle compétition quelque part ».
Victor Hays, kiteboarder professionnel : « Ce n’est pas une super nouvelle ! La Torche, c’était exceptionnel, mais ça donnera la chance, et je dis bien la chance, à une autre commune/ville de recevoir cet évènement. Les Waves Games, c’est un concept unique. C’est clairement l’une des meilleures organisations que j’ai eu l’occasion de voir pendant mes années sur les tours mondiaux en kitesurf freestyle. C’est super de réunir autant de disciplines, sans parler des nouvelles disciplines exploitables (Surf Foil, SuP Foil). Le spectacle ne va qu’aller crescendo ! J’espère de tout cœur que cet évènement sera pérennisé, particulièrement en Bretagne car cet endroit favorise la pratique de toutes les disciplines ».
Antoine Martin, 6e mondial PWA Wave 2022 : « Je suis déçu que les Wave Games n’aient pas lieu cette année sachant que c’est vraiment une compétition multisports, un évènement unique et particulier dans le nautisme car il réunit quatre disciplines. Ça ouvrira peut-être des portes à la Guadeloupe qui est une terre de sport. Ça serait cool que l’on puisse y avoir un jour les Wave Games ! »
Antoine Albeau, 25 fois champion du monde de windsurf : « Je suis vraiment surpris et je ne comprends pas vraiment, car pour moi, les Wave Games appartiennent à la pointe de La Torche. C’est l’un des seuls endroits en France où tu peux pratiquer toutes les disciplines. C’est un spot mythique, comme tout le monde le sait, et l’esprit de cette épreuve étaient vraiment hors-normes ».